L'écologie réaliste
Dominique Julien Labruyère, fondateur du parc naturel et président délégué de France Ecologie
" l'A12 doit être étudiée portion par portion"
Conscience morale du parc, Dominique Julien-Labruyère refuse l'affrontement entre les pro et les anti-AI2. Il ne s'oppose pas au prolongement de l'autoroute. Il a obtenu que le Ministère de l'Ecologie défende le site classé et ait son mot à dire sur le prolongement de l'AI2.
Comment jugez-vous les prises de position des uns et des autres à l'heure où le débatpublic se poursuit ?
D'abord je trouve que la politique des calicots est une mauvaise politique. C'est un retour en arrière par rapport à ce qu'on a toujours voulu éviter depuis 40 ans. Nous avons toujours voulu éviter l'aspect manichéen qui présenterait des nantis contre la ville. Nous n'avons pas besoin de cette communication. La commission du débat public a les moyens de faire sa propre coommunication pour inviter chacun au débat. En tant qu'élu, j'en suis à mon troisieme mandat, et je pense que l'élu a une responsabilité à tenir. Il est très mauvais d'arriver avec l'écharpe tricolore pour inciter les gens à entrer en opposition.
Pensez-veos que PA12 menace le parc naturel régional ?
Non. La meilleure preuve est que l'Al2 est prévue depuis 40 ans
et le parc a 20 ans. Il va établir sa deuxième charte toujours avec les tracés de l'Al2. Ce n'est pas l'autoraoute A12 qui va tuer le parc. Car, pour moi, le parc n'est pas une entité mais un outil de protection, rien de plus qu'un outil pour défendre une région que les habitants ont voulu protéger. Il y a quarante-quatre parcs en France mais une seule Vallée de Chevreuse. Elle survivra quoiqu'il arrive. Aujourc'Fui nous assistons à une appropria-ion du Parc qui n'est pas la réalité des choses. Aujourd'hui nous assistons à une appropriation du Parc qui n'est pas la réalité des choses.
Vous qui avez créé le Parc et milité à la tête des associations de défense de l'environnement, vous êtes aujourd'hui favorable au prolongement de l'A12 contrairement à la position affichée par les élus et les associations de la Vallée ?
Depuis 30 ans, je me bats contre ce projet. Nous-mêmes qui avons créé le Parc, nous devons bien réfléchir car la problématique a changé. On ne peut pas dire, les personnes vont se déplacer autrement. Il n'est pas bon non plus de relier l'AI2 à d'autres projets autoroutiers. Al2 et RN10 sont deux axes distincts. Ce n'est pas l'un qui va remplacer l'autre. On aura un jour Du l'autre les deux axes structurants.
Les entreprises s'en rendent compte, le transport en voiture reste important, les employés viennent de loin pour venir travailler ici. L'accès aux gares est impossible comme ici à Versailles-Chantiers. Pour éviter la RN 10, les personnes sont obligées d'emprunter les routes de la Vallée de Chmeuse. Il suffit de voir la circulation à Cernay nu à Dampierre. Les voitures il y en aura toujours. Il y a d'autres problèmes comme la pollution atmosphérique mais on peut imaginer le développement des biocarburants. J'ai la culture de la réalité et je pense qu'il ne sert à rien d'être anti-A12.
Après le constat que vous dressez, quelle attitude doivent adopter les protagonistes ?
Jouer un camp contre un autre conduit à un mauvais débat, Personne ne sortira gagnant. Il faut avoir une réflexion sur la réalité et trouver la bonne solution pour les uns et les autres. En tout cas, orienter les décideurs vers la meilleure solution.
La solution ne sera pas dans un tract mais doit ête trouvée au cas par cas. C'est portion par portion qu'il faut raisonner : là on sort de Bois d'Arcy, à Montigny comment on fera ? Et au Mesnil, quelle est la solution ? Il faut faire du cousu main et n'oublier personne.
Vous avez rencontré récemment la ministre l'Environnement, nelly Ollin,. Qu'est il ressorti de cette rencontre où l'A12 était à l'ordre du jour?
J'i déjà travaillé avec Nelly Ollin alosqu'elle était conseillère régionale. Le ministre de l'Ecologie m'a affirmé après notre entretien que son ministère serait partie prenante dans la décision à prendre sur Ie prolongement de l'Al2. Des contacts ont été pris avec le Ministère des Transports. Elle entend jouer son rôle de ministre de l'Ecologie pour protéger la Vallée de Chevreuse et le site classé qui demande la protection la plus forte. Sur la question de l'aménagement de la RN 10, ses services sont nets: il est diffficitement réalisable car les travaux seraient trop longs et poseraient des problèmes de nuisances. Il y a 30 ans, l'aménagement de la RN 10 aurait été facile. Or, la ville et la circulation sont là. On a raté le coche à l'époque.
Maintenant c'est trop tard, en ne peut pas faire autrement. L'un ne va pas remplacer l'autre. La transformation de la RN 10 ne se fera qu'après le prolongementde l'Al2 et non le contraire. Le choix du ministre s'orienterait vers le tracé proche de la RN 10, le 2C.
Les associations et les élus qui militent pour le tracé par le Pommeret vous répondront qu'un tracé urbain est socialement innaceptable.
Je comprends très bien que les habitants se sentent agressés par un tracé en milieu urbain. Je ne suis pas pour le 2C, ni un tracé complètement urbain. Dans la famille 2, il y a des solutions qui rognent sur le vallon.
Je suis et je le répète pour des solutions au cas par cas. La nécessité de trouver ure solution en tranchée entièrement couverte pour Montigny le prouve aujourd'hui. Je pense aussi profondément que ce Parc a un rôle social. C'est comme si on décidait de faire passer une autoroute dans un grand parc parisien, de saccager un endroit ou tout le moide vient se ressourcer.
Pensezvous qu'une décision sera prise à l'issue des débats?
Pour l'instart, je ne le crois pas. Je pense que l'Etat n'a pas les moyens financiers.
Propos recueillis par Philippe Cohen o Lire p 22, la vie du Parc Naturel.